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LE RETOUR DE BLESSURE




I- Introduction

II- Une « leçon » à retenir

III- Le retour en pratique

IV- Protocole de soin pour contracture

V- Conclusion




Introduction :


Tout comme les progrès, les réussites ou les déceptions dues à d’éventuelles contre-performances, la blessure fait malheureusement partie prenante de la vie du sportif malgré tout le travail préventif possible. Chaque instant de pratique physique implique en effet un risque potentiel de lésion, aucune d’entre elle ne pouvant garantir une pleine sécurité. Bien que dépendant du niveau d’implication du pratiquant dans son activité, la blessure est synonyme de pire chose pouvant lui arriver, portant surtout atteinte à sa santé mentale en plus d’impacter son intégrité physique. Dans un monde de plus en plus rapide et exigeant, la blessure sportive est malheureusement presque tôt ou tard inévitable, où rares sont ceux n’en ayant jamais encore fait l’expérience. Cependant, il s’agit avec le recul d’une occasion de faire face à un nouveau défi pour en apprendre davantage sur vous et ainsi revenir plus fort, plus confiant et mieux informé. Voyons alors ensemble comment l’aborder, la « mettre à profit » pour préparer la riposte.



Une « leçon » à retenir :


Très souvent perçue comme un échec, la blessure marque un coup d’arrêt dans l’activité et donc la progression du pratiquant qui se voit contraint de la mettre temporairement en suspend ou bien de la réajuster. 

Lorsque cet obstacle intervient, une part de négativité ainsi qu’un mécanisme de remise en question prennent le dessus et se mettent en place. De nombreux doutes et interrogations subsistent alors sur l’accident, ses causes et bien sûr sur ce qui aurait pu être mieux fait pour l’éviter. Bien qu’il soit humain de ressasser les faits, la première étape à franchir est celle de l’acceptation de la situation. Etant impossible de faire marche arrière et encore moins de changer le passé, le sportif se doit d’apporter un regard réaliste sur son cas afin d’avancer. Il s’agit alors ici de la phase initiale en vue de rebondir, de passer à autre chose.





Il en va ensuite d’une certaine maturité de parvenir à orienter cette réflexion sur les raisons objectives de son apparition, qu’il s’agisse d’une blessure d’usure, individuelle ou provenant d’un contact collectif, par exemple. Concrètement, cela revient à effectuer un travail sincère de reconnaissance de ses erreurs, même s’il est question d’une blessure provoquée par une action/cause externe. Cela permet ainsi au pratiquant d’analyser ses agissements par une certaine prise de conscience de la réalité. Même s’il n’est évidemment pas souhaitable de se blesser, la blessure est un moyen de « retour à la réalité », faisant prendre conscience de la « non-invincibilité » dont nous faisons tous preuve.


Dans l’idéal, la blessure se doit de se présenter telle une occasion de (se) sensibiliser (aussi bien soi que son entourage) aux bonnes pratiques et à la correction de possibles mauvaises habitudes ancrées. Plus précisément, la remise en question doit tendre à déboucher sur la volonté de désormais améliorer un ensemble de facteurs et de déterminants de l’entraînement. Mieux s’échauffer, mieux récupérer ou encore mieux s’alimenter dans le but de mettre toutes les chances de son côté d’éviter la blessure et d’agir au mieux.



Cela a ainsi pour objectif d’aboutir à une liste plus ou moins longue de raisons expliquant les potentielles erreurs ayant contribué à causer cette blessure le jour en question. Reconnaître les erreurs commises est sans doute également le second pas dans ce retour de blessure, après l’avoir accepté. Constamment dans l’apprentissage, le sportif se doit de se confronter à ses erreurs afin d’en apprendre et d’en tirer des « leçons ». C’est ce sens que la blessure, contrainte négative, peut et doit être transformée en une vision d’opportunité positive.


« Bien que la blessure marque une possible baisse de motivation et d’entrain, n’oubliez pas qu’il s’agit avant tout d’une expérience et que comme toute expérience, elle est source d’enrichissement dont il faut profiter ».


Cet état d’esprit sera alors d’une grande aide au sportif qui, après l’acceptation et l’analyse de ses erreurs, pourra consacrer son temps libre dû à l’arrêt de sa pratique, à la mise en place de son processus de retour, de « reconstruction ». Il s’agit d’un investissement de temps de long terme qui lui permettra par la suite de s’appliquer bien au-delà que ce qu’il aurait fait s’il n’avait jamais connu la blessure. Il sera ainsi en mesure d’avoir la possibilité de repartir du bon pied, d’agir globalement d’une meilleure manière qu’avant l’apparition de la pathologie. Assez souvent, l’apparition d’une blessure a été propulsée, boostée par l’accumulation d’erreurs passées qui, mises bout à bout, ont simplement fragilisé progressivement le corps, ayant créé ainsi plus de chances de blessure.



Rappelez-vous que le sport n'est rien d’autre qu’un jeu challengeant son pratiquant sur de nombreux aspects. Considérez la blessure comme une « épreuve » psychologique testant vos capacités mentales, votre volonté et votre envie de revenir meilleur où il ne s’agit que de vous contre vous-même.



Le retour en pratique :


Après avoir établi cette liste de causes explicatives au déclenchement de la blessure, il s’agit maintenant de diviser cette liste en deux, avec d’un côté les données dépendantes de notre volonté et de l’autre celles où nous n’avons aucun pouvoir d’action.

Ainsi, la cible du travail à venir concernera les causes modifiables par notre comportement, c’est-à-dire les éléments, les variables sur lesquelles nous exerçons un pouvoir de décision. Il sera alors question de trouver puis d’appliquer des solutions durables et efficaces afin de progresser sur ces divers points. Les données impondérables, indépendantes de notre bon vouloir, ne seront quant à elle pas concernées, puisqu’aucune action ne peut être entreprise dessus. La météo, le bruit alentour ou encore les actions adverses, s’il s’agit d’un sport d’opposition, ne peuvent être changés puisque ne correspondant ni plus ni moins qu’au fruit du hasard.



Une fois cette étape de validée et les ajustements correctifs mis en œuvre (et donc qu’aucune de vos habitudes sportives ne soit désormais reprochable), il est ensuite temps de procéder à un traitement de cette blessure. Bien que dépendant du type de traumatisme, du temps de guérison passif obligatoire ainsi que de l’aval des professionnels de santé avant de reprendre un travail physique, 3 étapes essentielles doivent être suivies en vue de réathlétiser convenablement la zone lésée dans le cadre du protocole de retour de blessure.


En premier lieu, il convient d’entretenir un certain degré de mobilité (capacité d’une articulation à bouger dans de grandes amplitudes) de cette dernière et plus précisément de(s) l’articulation(s) y étant liées. En effet, placée en inactivité prolongée, il est décisif de la maintenir régulièrement en mouvement autant que possible afin qu’elle ne devienne pas trop raide, sans quoi la récupération ne serait pas optimale et rallongerait donc le temps nécessaire de retour. Une zone saine est avant tout une zone mobile, capable de se mouvoir facilement, sans douleurs.



Pour les athlètes d’une discipline ou simplement les pratiquants de musculation, cette conservation du mouvement présente d’ailleurs un intérêt tout particulier concernant la technique gestuelle des mouvements inhérents à leur pratique. En effet, il convient de conserver un travail technique et donc de mouvement des actions motrices/exercices spécifiques réalisés par le sportif, dans la mesure du possible. Un tennisman visera par exemple à entretenir son pattern (il s’agit d’un type de geste précis) de coup droit en s’exerçant généralement à l’effectuer dans le vide, raquette à la main. L’idée étant ainsi que le pratiquant retrouve partiellement et progressivement les ressentis, les sensations habituelles. Tout en évitant de repartir de trop loin lors de la reprise en conservant certains repères.


Une fois cette mobilité entretenue et/ou récupérée, vient la recherche d’une certaine stabilité de cette même zone. Désignant la capacité de gainage d’une zone corporelle, une bonne stabilité se montre prophylactique (mesure liée à la prévention du risque de blessure et en l’occurrence de rechute) et primordiale dans la pérennité du retour de blessure (c’est-à-dire le retour fiable et durable de la blessure) en permettant un travail préventif très bénéfique en vue d’éviter d’éventuelles récidives dues à un déficit de stabilisation de(s) articulation(s) engagée(s). 

Devant être effectué à l’aide d’exercices stables puis d’exercices réalisés en instabilité (dit notamment « proprioceptifs », à savoir permettant un repérage dans l’espace selon une perte de repères et demandant donc une conscience corporelle importante) à l’aide d’éventuels outils tels le swissball, le dynair ou encore le Bosu ©, la stabilité fait appel aux qualités d’équilibre et d’équilibrioception (qualité voisine de l’équilibre, elle désigne le fait de percevoir et de à maîtriser la capacité de ressentir la stabilité du corps dans la position dans laquelle elle se trouve pour ne pas chuter par terre). Il ne faut cependant pas oublier que le travail en isométrie (contraction musculaire statique) est lui aussi très probant en vue d’accroître la stabilité et le renforcement général de la zone question par une action de « gainage » statique.



La troisième et dernière étape d’une bonne planification de réathlétisation devant être menée et garantissant elle aussi un retour durable n’est autre que le renforcement musculaire de la zone en question. S’inscrivant dans le prolongement de la recherche de stabilité, le gain de force de celle-ci s’effectue via la pratique d’exercices monoarticulaires et poly-articulaires de musculation. Un travail léger et progressif est bien sûr à privilégier dans un premier temps, pour augmenter le volume et l’intensité des mouvements très doucement. Il est notamment pertinent d’utiliser l’unilatéral en vue de pallier à certaines disparités de force entre les deux côtés. En parallèle, il convient évidemment de ne pas oublier de continuer le renforcement sur les zones autour de la zone cible ainsi que sur l’ensemble du corps de façon générale afin de ne créer aucun déséquilibre qui, par effet de compensation (le corps fonctionnant selon un principe de chaînes), compromettrait l’équilibre corporel (principe de base de l’entraînement sportif) et créait donc un potentiel terrain propice à une autre blessure.


L’idée étant forcément à la fois de guérir la structure blessée en lui permettant de réatteindre une capacité de travail de plus en plus conséquente (comme il est question de faire lors de la période de Préparation Physique Générale) tout en ne provoquant aucune autre complication liée de près ou de loin. Ceci afin d’être en mesure d’exiger de nouveau certaines contraintes mécaniques à la zone, aussi voire idéalement encore plus fortes qu’avant la blessure. Tel est l’objectif de la réathlétisation. L’empêchement de la récidive est également un point visé, devant donc aussi s’inscrire dans sa démarche. A ce sujet, il en va du sportif de parvenir à suffisamment écouter son corps en permanence dans l’optique de détecter certains signes avant-coureurs, certains signaux d’alarmes à prendre en compte pour ne pas rechuter.




Lors du début de ce travail de retour de blessure, il convient d’appliquer la règle de la non-douleur, à savoir de ne pas réaliser de gestes ou mouvements vecteurs de maux, en se limitant ainsi à un travail totalement sans douleur. Néanmoins, à mesure des semaines et des mois (toujours selon la gravité du type de lésion et le déroulement du processus de réathlétisation) il est possible que certaines positions travaillées lors d’exercices engendrent une légère gêne, un ressenti quelque peu désagréable. Si tel est le cas, sachez qu’il n’y a rien d’inquiétant et qu’au contraire, il est normal et même nécessaire d’accepter ces désagréments temporaires qui passeront par la suite. En ce sens, il est donc ici question de légèrement délaisser cette règle de la non-douleur pour justement venir travailler malgré ces ressentis (toujours de façon mesurée et contrôlée), même si l’appréhension est présente. Des études montrent en effet que le post-blessure implique certaines petites douleurs de la zone lésée et que les éviter à tout prix allongerait le temps de régénération et donc de retour nécessaire. Cela revient alors à écouter son corps sans pourtant trop s’écouter.


Vous l’aurez compris, un retour efficace à la suite d’une blessure demande la création et le suivi d’un plan de route défini, à l’image d’une planification d’entraînement structurée. Un travail logique et ordonné doit alors être entrepris afin de procéder à une « mise à neuf » du corps du sportif. Après cela, il s’agit pour lui de repartir de la meilleure manière possible en travaillant sur les corrections et les pistes amélioratives précédemment décelées, ses points faibles ainsi que le développement/l’extension d’autres qualités physiques. Ne perdez pas non plus en tête que la blessure n’est autre qu’un passage temporaire qui ne sera plus qu’un mauvais souvenir dans le futur, mais surtout une expérience riche avec vous-même (connaissances de soi, vision des choses, rencontres d’autres athlètes dans le même cas…).





IV- Protocole de soin pour contracture :


En vue d'encore plus vous aider à affronter les blessures que vous serez peut-être amenés à rencontrer (ce que l'on ne vous souhaite pas, bien évidemment) durant votre carrière sportive, voici une vidéo extraite de notre chaîne YouTube SCAN TRAINING.

Vous y trouverez un protocole, une méthodologie de soin simple et efficace pour traiter une contracture musculaire (ou tout autre tension/crispation musculaire). Bien qu'il ne s'agisse pas de la blessure la plus grave, longue ni compliquée à soigner, il vous présentera une logique qu'il est possible de suivre pour agir de manière générale sur de petits pépins physiques.

Je vous souhaite maintenant un bon visionnage !




V- Conclusion :


Bien que la blessure soit un frein à la progression physique, c’est-à-dire à l’amélioration directe à travers la pratique, il n’en est rien quant aux autres aspects sur lesquels peut jouer le sportif. Une des erreurs à éviter est effectivement de mettre un terme total à son activité pendant un temps alors que de nombreuses actions sont à mener. Il est alors question d’agir, de rebondir sur ce que l’on peut afin de faire les choses de la meilleure des façons pour ainsi ne rien regretter et assurer un retour gagnant. Quelle que soit la blessure dont vous êtes victime, souvenez-vous que n’importe laquelle d’entre elle se soigne à terme, à condition de la traiter avec intelligence. Car même s’il est toujours mieux de ne jamais se faire mal si ce n’est que pour l’épanouissement, une fois blessé, la priorité est de savoir comment l’appréhender puis la gérer pour la faire disparaître, tout en en tirant du positif. Alors relativisez, préparez votre plan et agissez sans jamais perdre de vue que votre volonté et votre persévérance feront véritablement la différence.

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